L’Homme
aime les dates « rondes ». Ainsi, on fête les centenaires, les
cinquantenaires, etc. En l’an 2019 que vient de finir, voici la nôtre : le
45e anniversaire du CGP.
Peut-être que dans la vie du chant
grégorien, ce chant avec lequel l’Église du Christ chante les louanges à Dieu
depuis plus de mille deux cents ans, quarante-cinq ans c’est bien peu.
Néanmoins, lorsque cette durée s’insère dans la vie des gens, c’est suffisant
pour le souligner, faire une petite pause pour voir le chemin de nos pas et —pourquoi
pas ? — pour le célébrer. Notamment quand au long de ce parcours, on a
vécu beaucoup de bonheur, plusieurs bons moments dans l’effort de donner vie
aux neumes préservés dans de précieux manuscrits, en retrouvant dans le hodie
de l’histoire les splendeurs d’un type de répertoire privilégié depuis toujours
pour sa beauté et pour son efficacité à exprimer les choses du Ciel, en exprimant
la prière d’une manière unique. C’est l’histoire racontée par Dom Jean Claire lorsque
un jour il reçut à Solesmes un prêtre bouddhiste qui avait parcouru le monde en quête de la
musique la plus spirituelle créée par l’homme et qui disait l’avoir enfin
trouvée en écoutant les moines de l’abbaye (1).
UN AN APRÈS L’AUTRE, UN NEUME APRÈS
L’AUTRE
Fondé en 1974 par de jeunes musiciens
passionnés par le chant grégorien, le CGP commence donc son parcours il y a 45
ans. L’association « Chœur grégorien de Paris » est constituée peu
après ; en 1981 nait l’Association des Amis, reconnue depuis d’utilité publique.
De ces premières années, Louis-Marie Vigne, son fondateur, confie :
« La création du CGP s’est faite de manière toute simple : nous nous
sommes réunis à quelques amis avec mon frère Jacques, Patrick Descourtieux (…) et
Pascal Guillaume. Puis d’autres amis sont venus. C’était spontané. Je n’avais
pas de connaissances particulières, mais nous avons travaillé. À notre
invitation, André-Gustave Madrignac nous a rejoint. C’est lui qui a choisi le
nom de « Chœur grégorien de Paris » et qui a assuré notre première
formation. Assez rapidement, à partir de 1976 nous nous sommes rendus à
l’abbaye de Solesmes et avons travaillé une semaine par an, dix années de suite
(…). Nous sommes extrêmement redevables à Solesmes pour tout cela (2). »
1ere messe du CGP au Val-de-Grâce (19 juin
1977).
En 1985 le
Chœur organise un premier congrès international de chant grégorien à Paris (une
deuxième rencontre suivra en 2011). Dans cet époque-là est créée une classe de
grégorien au Conservatoire national supérieur de Paris.
Si les concerts font partie de la vie du Chœur (la première tournée à l’étranger a lieu en 1986), elle s’exprime avant tout dans la prière et la liturgie, cadre naturel du grégorien. À partir de 1987, le chœur va vivre la Semaine Sainte dans l’abbaye de Fontfroide, à Narbonne. Le succès est tel que depuis 2013, la Semaine sainte est également célébrée à Roudnice (en République tchéque) et aussi, depuis 2015, en Normandie près de Granville, à l’abbaye de la Lucerne.
Le chœur a vécu aussi des concerts inoubliables, tel celui de 1989 avec Olivier Messiaen à l’orgue de l’église de la Trinité. Des tournées mémorables à travers l’Europe et part toute le planisphère (Corée, Japon, Chine, Liban, Égypte, Colombie, Philippines...) ont donné au CGP une renommée internationale, soutenu par une vaste discographie. En 1993 l’Académie des Beaux-Arts lui remet le Prix de chant choral Liliane-Bettencourt.
Le premier disque du CGP, en vinyle, publié par
Erato en 1982.
D’autres
événements dignes de mémoire sont la fondation en 1997 de la branche féminine (CGP-Voix
de femmes), puis la reconnaissance canonique du CGP approuvée par le Diocèse de
Paris l’année suivante, expression incontournable de la mission du Chœur au
sein de la communauté ecclésiale parisienne.
Au fil du temps, tous ces richesses ont eu besoin d’un endroit géré par le CGP lui-même. C’était la naissance de l’École du CGP en 2007, qui reçoit depuis sa création des élèves de toute la planète qui viennent se former dans la discipline grégorienne, dans ses aspects aussi bien pratiques que les plus scientifiques, intégrés bien entendu au sein d’une intensive vie liturgique dimanche après dimanche, pendant tout le cycle liturgique catholique.
À la fin de l’année 2019 où le CGP a
offert dix concerts en moins de six mois. Avec ces courtes lignes, toujours incomplètes
et dans l’attente peut-être d’une véritable histoire du Chœur grégorien
de Paris, je voudrais rendre un humble hommage à toutes les générations des
chanteurs et chanteuses, en partant de ses fondateurs, qui, année après année, ont
maintenu fortement présent et actif le CGP, en cherchant toujours l’excellence
de son art, convaincus de la tâche historique qui a pour mission et
service : donner la vie à la prière chantée de l’Église, en ce temps et dans
cet espace ad gloriam Dei et sanctificatio hominum (3).
Enrique Merello-Guilleminot
(1) Cf. Cité par BUCKLEY, P. (1988),
Celestial canto gregoriano, Selecciones del Reader’s Digest, Février, 5.
(2) Cf; VIGNE, L.-M. (2018). On n’a pas besoin de restitution à l’heure actuelle.
L’urgence, c’est la mémoire - Rencontre avec Louis-Marie Vigne, propos
recueillis par Jacques Zeegers, Canticum Novum, 85, 3-4.
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